Le souffle au corps, un portrait entre respiration, relaxation et monde hospitalier.
Le récit posté ci-dessous s'inspire librement de l'entretien mené par Charlotte avec Sandie Boulanger Si vous désirez écouter cet entretien, vous pouvez le retrouver ici
Les récits de cette collection s'inspirent des entretiens passionnants menés par @Charlotte Desrosiers Natral dans son podcast 'Pourquoi pas moi?', podcast que vous pouvez retrouver ici.
@PourquoiPasMoi-Lepodcast vous offre des #interviewsinspirantes où des personnes qui ont un jour rêvé changer de vie, ont osé écouter leur petite voix pour franchir le pas.
Je remercie Charlotte de m'avoir donné l'autorisation de m'inspirer de ses entretiens.
J'ai grandi près de la mer, en pleine nature. Quand mes parents travaillaient et que je me retrouvais seule, je me bâtissais des univers que je partageais avec mes copains et copines. Enfant, j'étais une petite fille joyeuse qui voulait s'occuper des autres, prendre soin d'eux, leur faire plaisir. Je voulais être médecin mais j'avais quelques lacunes en physique. J'aurais sans doute pu travailler un peu plus cette matière, mais personne ne m'y poussait.
Je me suis alors engagée sur un chemin qui m'emmenait de manière détournée vers mes objectifs. Je me suis intéressée aux modèles mathématiques derrière toute chose. C'était une façon pour moi de me plonger dans le moule et pouvoir un jour sortir du cadre. J’intégrais ainsi le rationnel et la logique dans mon quotidien. Mais je risquais de me retrouver seule sur cette branche sur laquelle je m'étais engagée, alors que je voulais avant tout rencontrer des gens, et créer des modèles qui leur ressembleraient.
J’ai ensuite rejoint une boîte de pub, où je pouvais combiner logique mathématique et écoute des besoins des gens. Je pouvais y trouver la voie du milieu qui pouvait satisfaire l’annonceur et les clients.
D'un autre côté, ma fille rencontrait des problèmes de santé. En l'accompagnant, je déambulais quelques mois dans le couloir les hôpitaux, le temps que les médecins posent un diagnostic sur sa maladie. J’avais 25 ans à l’époque. J’étais très admirative de ma petite fille qui subissait tous les tests avec un courage énorme. C'est une période où je me suis posé beaucoup de questions sur le sens de ma vie. J'avais besoin de pouvoir communiquer avec elle, de rester en lien. J'ai approfondi également, pendant toute cette période, ma connaissance du monde hospitalier.
Ce monde m'appelait, comme les personnes que je rencontrais et pour qui communiquer sur leurs difficultés était essentiel. Comment pouvais-je échanger avec eux quand le mots ne s'exprimaient pas facilement?
J'avais la chance d'être debout, de pouvoir vivre qui j'étais sans trop savoir comment le vivre. Je voulais les aider également mais ne savais pas comment faire. Une restructuration économique plus loin, j'ai fait un pas de côté pour avancer sur le chemin de la compréhension. J’ai repris des études pour aborder les gens via le corps. Je voulais pouvoir rester auprès de ma fille, et ne souhaitais pas non plus me lancer à fond dans quelque chose de neuf. Je me suis dit que la relaxation était une bonne porte d’entrée vers le corps, tant pour moi que pour les autres, à travers la sophrologie et le yoga que je pouvais personnellement expérimenter.
La relaxation, le souffle sont des outils qui parlent aux médecins confrontés à de nombreuses souffrances, sans pouvoir prendre le temps de les écouter réellement. Mon approche parlait également à tous les patients, quelle que soit leur pathologie.
Le souffle, la respiration, deux choses tellement importantes en milieu hospitalier. Ce sont des outils magnifiques pour surmonter les obstacles qui se dressent sur le chemin de la guérison, pour surfer sur les difficultés. Partager ces outils m'a permis de rencontrer des personnes enrichissantes, de celles qui sont là quand la vie se fait plus dure.
Je me suis également approprié une autre dimension. Le temps. Le cœur grandit, s'emplit d'amour avec le temps. De cet amour qu'on peut partager avec ceux à qui on consacre du temps. Les écouter est de l'amour à partager. J'étais présente pour aider les patients, leur permettre de respirer, de sortir de moments d'apnée liés à des situations émotionnellement importantes. Je prenais le temps pour eux, paisible.
J'ai vécu d'autres moments importants en cancérologie, auprès de ces personnes qui, dans des moments de douleurs, posent le masque qu'elles portent habituellement pour vivre pleinement leur authenticité. Je partageais avec eux mon énergie, je les prenais dans mes bras, posais ma main dans leur dos. Je leur offrais une présence, un regard, une humanité. Je les valorisais, les faisais exister dans ce qu'ils vivaient. Je voulais ainsi leur offrir un moment de bonheur, mettant une intention positive dans tous les moments que nous partagions.
Certains moments comme la mort, ou la naissance sont des passages difficiles où il faut pourvoir se laisser aller, décider d'y aller, parce qu’autrement, la vie viendra vous chercher au forceps.
Une autre dimension est venue se greffer à ce que je faisais. Toutes les personnes que je rencontrais faisais partie du monde du vivant et voulais encore vivre leur sexualité. Je rencontrais en soin palliatif des personnes qui ramenaient ce sujet lors de nos discussions. Ils n’avaient pas toujours les mêmes rapports qu’avant à leur sexualité. C’est à ce moment que les portes d’une émission de radio se sont ouvertes devant moi, pour partager les histoires de ceux qui nous contactaient. Je leur parlais de relaxation, de détente et de sens. On abordait la dimension sacrée de la sexualité. D’un côté, c’était plutôt rigolo. C’était respectueux et ça nous permettait d’en rire, sans vulgarité. Mes proches se rendaient compte du sérieux de cette émission. Ils comprenaient le sens de ce que je faisais. Et de la voie sur laquelle j’étais maintenant lancée.
Après la naissance de mon troisième enfant, nous nous sommes rapprochés de notre famille. C’est un moment de transition pour moi. Je ne travaillais plus à l'hôpital et poursuivais mes consultations à distance. Nous sommes partis vivre en Grèce avec mes enfants, découvrir un autre pays, changer de cadre, découvrir une nouvelle culture, celle de mon mari, la place qui était réservée aux femmes.
Nous y sommes restés quelques années avant de rentrer en France.
J’ai alors renoué avec mes anciennes relations, retrouvé une place dans le monde hospitalier, parlé à nouveau de l’importance des soins du corps, de la gestion du stress, de la sexualité. Je ne pensais pas pouvoir me relancer ici. Mais finalement, je me suis fais confiance et je réagis aujourd'hui à ce que la vie me présente.
Je reconnecte les gens à eux-mêmes, pour qu’ils retrouvent leur force intérieure. Je me rends utile auprès de mes patients. Je maintiens un lien avec eux. Je reçois de leurs nouvelles. Un mot pour continuer, un échange d’amour.
Je vois également grandir mes enfants, je les vois se développer.
Je me souviens de la naissance de ma fille, du temps qu’elle avait pris avant de pousser son premier cri. La naissance nous chamboule tous, le bébé, les parents, les proches. Nous ne sommes pas toujours bien informés. C’est souvent comme ça quand on est déstabilisé. On tâtonne, on ne connait pas nécessairement nos envies, les choix qu’on doit faire. On est en insécurité. Doit-on sortir de notre zone de confort ? J'ai besoin d’apprendre et j’apprends en dehors de ma zone de vie. J’ai grandi, je ne suis plus cet enfant à l’abri de son parc. J’ai besoin d’aller de l’avant.
Aujourd'hui, je suis fière de qui je suis, je m’assume et ne me laisse pas dérouter facilement. Je m’écoute un maximum. Je partage sur ce que je vis, sur ce que je lis, je rencontre, je me crée ma chance.
Je suis bien entourée, et heureuse d’avoir écouté ma petite voix.
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