top of page
  • Photo du rédacteurJean-François Grard

La voie du roman

La voie du roman, un portrait entre écriture, doute et persévérance.


Le récit posté ci-dessous s'inspire librement de l'entretien mené par Charlotte avec Sophie Astrabie. Si vous désirez écouter cet entretien, vous pouvez le retrouver ici


Les récits de cette collection s'inspirent des entretiens passionnants menés par @Charlotte Desrosiers Natral dans son podcast 'Pourquoi pas moi?', podcast que vous pouvez retrouver ici.


@PourquoiPasMoi-Lepodcast vous offre des #interviewsinspirantes où des personnes qui ont un jour rêvé changer de vie, ont osé écouter leur petite voix pour franchir le pas.


Je remercie Charlotte de m'avoir donné l'autorisation de m'inspirer de ses entretiens.


J'ai toujours été une personne de défi.


Jeune, j'adorais le basket. J'y jouais continuellement. J'ai convaincu mes parents de m'envoyer dans un sport-étude où je vivrais basket du matin au soir du lundi au dimanche. Malheureusement, je n'étais pas assez forte et je voyais bien que je ne pourrais bien en vivre.


Je suis retournée dans un parcours classique, en étant totalement perdue, ne sachant pas ce que j'allais faire de ma vie, alors que de nombreuses personnes qui m'entouraient savaient déjà où elles allaient. Les études étaient importantes pour mes parents, pour eux qui avaient fait leur carrière sans avoir leur BAC. Ne pas faire d'études était impossible pour eux.


Ce que je voulais avant tout, c'était voyager et m'ouvrir au monde. Pour cela, je devais apprendre l'anglais. Je voulais à travers mon parcours scolaire passer du temps en Angleterre, malgré le coût requis pour de telles études. J'ai eu la chance que mes parents me soutenaient, comme ils l'ont toujours fait.


J'ai vite rejoint un journal, mais je ne me sentais pas vraiment bien dans ce que je faisais. Ce qui me plaisait, c'était d'écrire. Personne ne m'avait jamais dit que j'écrivais bien mais j'aimais ça. Pourtant, je ne voulais pas quitter mon job pour écrire un livre.

Quelques temps plus tard, une goutte d'eau a fait débordé le vase. Je ne me sentais plus en adéquation avec mon job. Je suis allée voir mon boss pour obtenir une rupture conventionnelle. Je ne voulais pas quitter mon job sans sécurité. Il me l'a refusée, j'ai démissionné et quitter mon CDI.


Certaines personnes autour de moi trouvaient cela très courageux de démissionner pour me lancer dans l'écriture. Ce qui m'importait, c'était d'avoir l'accord de mes parents, eux qui s'étaient sacrifiés pour que j'aille au bout de mes études et je souhaitais qu'ils comprennent les raisons pour lesquelles je quittais mon emploi.


Avant de me lancer dans l'écriture de mon roman, je souhaitais me rassurer dans l'aventure d'un blog. C'était un support comme un autre devant ma peur de ne pas être lue, d'être

critiquée à travers mes écrits.


J'ai pris la direction de Marseille pour décompresser, pour m'imprégner de ses Calanques, pour trouver l'inspiration.


Malgré les pressions sociales qui auraient voulu qu'à cet âge, je sois mère et mariée, je suis rentrée chez mes parents pour m'atteler à l'écriture de mon roman. Je me suis assignée une routine quotidienne, me levant tôt, m'asseyant derrière mon ordinateur, relisant ce que j'avais écrit la veille, écrivant de nouvelles pages. Je m'offrais quelques jours offs. Avant tout, je voulais arriver à la fin de ce roman et je mettrais en oeuvre les moyens pour le faire.


Le métier d'écrivain est un métier très solitaire. J'étais seule devant mon ordinateur, alliant création, réflexion, cherchant l'inspiration chez les autres. J'assumais mon travail. Pourtant, je ressentais le besoin de gagner de l'argent et de sortir de mon isolement.


J'ai accepté un travail de fromagère dans une grande surface. Les clients savaient que j'écrivais un roman, prodiguant conseils, me racontant leurs écrits qui sommeillaient dans leur table de nuit. J'écrivais pendant mes moments libres, je le faisais dans l'urgence.


Un jour, je suis arrivée au bout de mon livre, et comme eux, je l'ai glissé dans un tiroir, ne sachant qu'en faire. Je l'ai fait lire par certains de mes proches, n'acceptant pas toujours leurs avis positifs, qui devaient m'être donnés parce qu'ils m'aimaient, sans doute, pour me faire plaisir, certainement. D'autres à qui je le donnais ne le lisaient pas, parce qu'il n'était pas imprimé, ou pour d'autres raisons. J'avais tendance à voir le verre à moitié vide. Je ne croyais pas réellement en mon livre, pas tout à fait en moi, non plus.


J'avais peur de le faire éditer, j'avais peur d'affronter refus et échecs. J'aurais pu l'imprimer, l'envoyer à différentes maisons d'édition que j'aurais sélectionnées. A vrai dire, je ne pensais pas le publier un jour. Pourtant, ce serait l'aboutissement de l'aventure, d'un projet au bout duquel je serais allée, peut-être pour la première fois dans ma vie professionnelle. Jusqu'à présent, je n'avais fait que passer.


Néanmoins, j'ai mis ce projet de côté et je me suis concentrée sur le besoin de trouver un emploi, de gagner de l'argent. J'ai rejoint mon copain dans le Nord, sans savoir ce que je valais, ayant peu d'expérience, me trouvant nulle. J'avais balayé mes rêves, je vivais sans objectifs.


Mon copain m' alors proposé de sortir le livre du tiroir. Je l'ai autoédité et mis en ligne, en version numérique et en version papier, à prix démocratique. Rapidement, j'ai reçu un commentaire positif d'une personne que je ne connaissais pas et qui m'a fait le plus grand bien. J'ai alors décidé de le mettre en lecture gratuite sur Kindle, pour que les abonnés puissent le lire sans contrainte d'aller nécessairement au bout, tout en me laissant des commentaires s'ils le désiraient.


Les ventes du livre ont tout doucement décollé. J'en vendais dix par jour, c'était un succès pour moi. Peu de temps après, une première maison d'édition est venue frapper à ma porte, une seconde l'a suivie, sans suite. Le site de vente en ligne a proposé de promouvoir mon livre. J'ai dit oui. Est enfin arrivée une plus grosse maison d'édition et c'est là qu'une nouvelle aventure a commencé pour moi.


Dans un premier temps, ils m'ont proposé une première couverture que j'ai refusée. Pour la deuxième, qui dégoulinait l'eau de rose, je n'ai pas osé dire non. Même si c'était insupportable pour moi et qu'elle ne me plaisait pas non plus. Depuis, le livre a été traduit en italien, a été sorti en version poche.


J'ai imaginé écrire un deuxième roman dans la foulée. Je suis tombée enceinte, tout en ne sachant pas si je serais capable d'en écrire un deuxième. J'ai de nouveau été remplie de doute, le premier roman est un succès, qu'en sera-t-il du second?


Aujourd'hui, j'ai plusieurs brouillons de livres et un second roman qui est terminé. Je suis plus heureuse. Me libérer est important pour moi pour écrire.


Je ne sais si je pourrais en vivre, car il faudrait qu'il soit traduit dans d'autres langues ou adapté à l'écran.


Est-ce que je pourrais après en écrire un troisième, un quatrième?


J'écris souvent en ayant une idée, sans savoir où le livre va m'emmener. Il faut une certaine rigueur pour écrire. Je dois faire preuve de persévérance. Je serais contente si j'arrive à nouveau à être publiée. La route est longue avant de voir le point final.

L'aventure de l'écriture, c'est comme créer une micro-entreprise. Certains jours, on relève la tête sans avoir créé ce que l'on aurait souhaité. On en sort dépité. Heureusement, je peux compter sur mon mari, qui est entrepreneur, et qui partagent les mêmes craintes et les mêmes doutes.


Ma maison d'édition joue un grand rôle dans l'écriture de ce second roman. Elle me soutient, croit en moi, me pousse quand je flanche, me tient à bout de bras. J’en ai besoin.


Par après, je rêve d'un jour avoir ma propre bande dessinée, car le dessin est une autre passion, mais ça reste un projet que je garde sur le côté.


Lorsque j'ai démissionné, j'ai renoncé à une voie qui était tracée depuis longtemps, une voie prometteuse pour sortir du courant. Je ne savais pas si je pourrais retourner un jour dans ce courant, comment me positionner par rapport à un DRH. Serais-je encore dans le coup?


Je devais assumer que mes études ne correspondaient plus à mes valeurs, assumer le choix et en faire le deuil. C'était fou de quitter cette voie. Aujourd'hui, je vois certains de mes amis qui évoluent dans leur société, qui ont des équipes en-dessous d'eux, qui ont des responsabilités, un salaire qui va avec. Je ne suis pas apaisée, mais je vis mes rêves tous les jours.


Je suis fière de mon parcours, même si c'est difficile parfois. C'est un rêve de continuer à écrire, de pouvoir être publiée. J'ai persévéré, fait parler ma créativité. Je suis allée au-delà de ce que je croyais être mes limites. J'ai dépassé mes doutes.


Comme le dit Grand Corps Malade: "Si j'avais cru remarcher un jour, je n'y serais jamais arrivé. Mon objectif était de faire un pas et puis l'autre." C'est ce que je me dis. Un pas, puis un autre, pour ne pas être déçue.


Cette aventure, je ne m'y serais pas lancée, sans le soutien de mes parents, sans le regard de mon compagnon qui me valorise jour après jour. Je m'entoure des personnes qui croient en moi.

Posts récents

Voir tout
bottom of page