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  • Photo du rédacteurJean-François Grard

Jusqu'au bout de la route - Olivier Garibal

Dernière mise à jour : 26 juil. 2021

Jusqu'au bout de la route, un portrait entre ressenti, dépassement des limites et retour à la terre.


Le récit posté ci-dessous s'inspire librement de l'entretien mené par Charlotte avec Olivier Garibal. Si vous désirez écouter cet entretien, vous pouvez le retrouver ici


Les récits de cette collection s'inspirent des entretiens passionnants menés par @Charlotte Desrosiers Natral dans son podcast 'Pourquoi pas moi?', podcast que vous pouvez retrouver ici.


@PourquoiPasMoi-Lepodcast vous offre des #interviewsinspirantes où des personnes qui ont un jour rêvé changer de vie, ont osé écouter leur petite voix pour franchir le pas.


Je remercie Charlotte de m'avoir donné l'autorisation de m'inspirer de ses entretiens.


J’ai grandi sous le soleil, sur une île que je parcourais baskets aux pieds, courant le long de l’eau, ou dans les montagnes environnantes. Je courais dès que je le pouvais. C’est sur cette île que j’ai pris goût à la nature qui m’environnait. C’est là que j’ai rêvé d’un jour retourner à la terre pour en tirer le meilleur.


Avant d’y arriver, j’ai pris le temps de m’ouvrir à d’autres domaines, d’autres vies, d’autres mondes que je ne connaissais pas. Tout au long de ce parcours, j’ai découvert mon corps. J’ai prolongé l’apprentissage que j’avais commencé aux côtés de mon père médecin. Quand je me blessais pendant mes courses ou lors de mes sorties en mer, il était là pour me réparer. Ca me rassurait et rassurait ma mère.


J’ai un jour pris l’avion pour découvrir l’Europe et me lancer un nouveau défi. Je me suis installé seul à Paris. J’étais enthousiaste à l’idée de découvrir cette ville dont tout le monde parle, dont tout le monde rêve. Mais j’ai vite déchanté. L’urgence dans laquelle se trouve les Parisiens m’essoufflait, moi qui n’avais connu que la quiétude des îles. Les études de médecine étaient aussi une découverte pour moi, un monde dans lequel je devais me battre pour devancer les autres alors que je voulais avant tout me battre pour dépasser mes propres limites. J’y ai vécu une année difficile. J’y ai appris énormément sur qui j’étais, sur ma faculté à m’adapter à un nouvel environnement. Je savais maintenant mieux ce que j’aimais et ce que je n’aimais pas.


Après un an à Paris, je suis rentré dans mon île. J’ai repris la vie que j’avais, mes courses dans les montagnes. J’ai à nouveau nagé pendant des heures. J’ai profité de la nature qui m’entourait. J’ai hésité à repartir, à quitter ce monde qui était le mien, ce cocon que j’affectionnais. Mais j’avais d’autres choses qui m’attendaient à Paris. J’y suis retourné, pour me lancer dans des études qui me permettaient de mettre à profit mon goût pour les mathématiques. J’affectionnais aussi le dessin, et sans doute bien plus, mais les beaux-arts n’étaient pas au goût de ma mère.


J’ai entamé des études de commerce. Dès que je le pouvais, je me ressourçais dans mon île. J’y suis retourné pour un stage en entreprise. Je me suis même exilé plus loin, sur d’autres îles pour y réaliser d’autres stages. Je me suis éloigné de ma future femme pour mieux la retrouver quand je revenais. Lorsque je suis rentré, c’est elle qui a poursuivi ses rêves. Elle suivait son internat en province.


J’ai travaillé pendant près de cinq ans à Paris, dans une institution bancaire. Je me sentais réellement à l’étroit dans cette immense ville. Il me manquait mes points de repères, les montagnes, l’eau. Dès que je le pouvais, je m’évadais de mon costume de banquier pour aller courir, de jour comme de nuit, et pouvoir retrouver cette nature qui me manquait tant.


J’ai pris conscience que je voulais vivre la vie qui me convenait le jour où les médecins ont découvert une tumeur. Cette tumeur était heureusement bénigne. Mais mon visage était paralysé. Ma vie a totalement changé ce jour-là. J’ai subi plusieurs opérations pour pouvoir fermer l’œil et dormir sans pansement. J’ai suivi des mois de rééducation pour pouvoir parler et boire à nouveau correctement. J’ai dû faire le deuil de mon visage, de ses mouvements, de mes sourires, des émotions que je pouvais y lire. La naissance de mon fils, deux mois après la découverte de cette tumeur m’a forcé à me battre, même si je devais revoir mes perspectives, mes projets. J’ai pris conscience de ce qu’avait été ma vie jusqu’alors et de la manière dont je voulais vivre le reste de mes jours. Je voulais, le jour où je m’en irais, être fier de ce que j’avais fait de ma vie. Je voulais me donner les moyens d’y arriver. C’était ma première pensée optimiste depuis longtemps.


Je me rendais compte à quel point je ne me retrouvais pas dans ce qu’était ma vie à ce moment-là. Mon métier dans la finance rassurait ma mère. Toutefois, moi, je n’y trouvais pas mon bonheur. J’avais une carrière toute tracée dans cette banque mais je ne m’y sentais pas nourri. Je me sentais prêt à prendre des risques, à lutter pour ma survie. Aller plus loin que ce que j’avais envisagé. J’étais au pied du mur. Je devais lâcher prise.


Avant l’opération, je pesais toujours le pour et le contre pour prendre mes décisions mais là, je voulais écouter mon ressenti. Je voulais faire confiance à l’instant présent, supprimer tout ce qui m’était superflu. Ça pouvait sembler radical, mais mon entourage m’a soutenu.

J’ai vécu quelques temps à l’instinct. J’étais présent pour mon fils, un maximum. Je me focalisais sur lui. Cela m’a aidé à relativiser ce que je vivais et a fait partie de ma guérison. Chaque jour, je l’emmenais à l’école et j’allais l’y chercher. J’étais en arrêt maladie et libre d’organiser mes journées comme je le voulais, de m’absenter si nécessaire, d’aller courir lorsque j’en ressentais l’envie.


J’éprouvais à ce moment-là le besoin vital de quitter Paris, de vivre au grand air. Nous avons visité tous les coins de France avec ma femme. C’est au pied des montagnes, près du lac d’Annecy que nous avons trouvé notre havre de paix. Ma femme se posait mille questions quant à cette nouvelle vie qui nous attendait, aux nouveaux amis à se faire, au travail à trouver. Mais c’était mon besoin.


Un jour, dans le train qui me ramenait chez nous, j’ai senti un frémissement de mon visage. J’ai ressenti un immense soulagement. Rien ne serait plus comme avant mais j’avais trouvé la force de bouger.


*


J’ai toujours eu besoin d’une activité physique depuis tout petit. Je cours les grands espaces, je dépasse des limites que je ne soupçonne pas. Ce qui m’attire, ce sont les courses extrêmes, comme la diagonale des fous sur mon île ou le trail du Mont-Blanc. Pendant ces courses, je me bats contre moi-même, contre mes douleurs physiques. Je me sens vivre. Je cours, de jour comme de nuit, je grimpe, je marche. Je dors peu. Je suis seul face à un objectif, atteindre la ligne d’arrivée. J’aime la nuit. La solitude y est plus grande encore. Seul, dans le faisceau de ma lampe frontale, je trace ma route. Je ne vois pas les paysages. Il n’y a que le chemin, là devant moi. Et je suis libre. Seul, j’ai l’impression de voler.

Je suis très attentif pendant ces instants à ce que me dit mon corps. C’est un moment d’introspection pour moi. Je cours pour moi. Pour mieux ressentir. Ce sont des moments où j’en apprends beaucoup sur moi, sur mes limites, là, en dehors de ma zone de confort quotidienne. Je repousse les pensées négatives qui m’assaillent. Je dépasse ma souffrance pour atteindre mon objectif. Ce sont des courses de longue haleine, où les raisons d’abandonner, de céder à la facilité sont nombreuses. Ce sont des courses qui demandent de l’entrainement.


Même si je m’épanouissais dans ces courses extrêmes et l’entraînement que cela nécessitait, je n’avais pas encore découvert ce qui me permettrait de retoucher à la terre. Les courses extrêmes demandent une grande discipline tant au niveau de l’entrainement quotidien qu’au niveau sommeil et alimentation. Je me suis souvenu de mes grands-parents qui à chaque repas utilisaient de l’huile d’olive, de leurs origines grecques.


Je suis allé en Grèce un jour pour visiter l’île que l’on voit dans le ‘Grand bleu’. J’y ai découvert que l’huile d’olive y était une tradition. J’ai voulu y acheter une terre pour pouvoir y planter une oliveraie. Mon frère et moi y avons mis une partie de nos économies, nous y avons créé notre trait d’union. C’est là que j’ai planté la graine de ce que je fais aujourd’hui. C’était il y a plus de dix ans maintenant. Nous nous sommes formés auprès de plusieurs oléologues pour apprendre à produire notre propre huile d’olive, les meilleures périodes pour tailler, qu’utiliser comme fertilisant, le moment pour récolter, sachant que les huiles sont différentes en fonction de la récolte. Après quelques années, j’ai décidé d’en faire mon métier. Je faisais un grand écart entre la vie dans la finance et le besoin de travailler la terre. Lorsque les restaurateurs à qui j’ai envoyé mon huile l’ont utilisée dans leurs restaurants, j’ai compris que j’avais trouvé ma place. Je proposais enfin quelque chose de concret, ce que la banque ne me permettait pas.


Aujourd’hui, je peux organiser mon temps comme je l’entends, prendre du temps pour ma femme et mes enfants, préserver un moment pour moi. Depuis que je me suis lancé dans la production d’huile, j’ai décidé de regarder les facettes positives de la vie. Sur le chemin de la guérison, lorsque tout semble perdu, on a la liberté de faire ce qu’on veut. Je devais tout défaire pour tout reconstruire comme je le voulais. Je voulais être dans le vrai, le concret, sans filtre, en toute sincérité avec moi et avec les autres.


Je fais ce qui me semble bon pour sentir et ressentir au maximum ce qu’il se passe dans mon corps. Je cours en pleine conscience, pieds nus dans mes chaussures. Je veux être le champion du monde de mon propre monde. C’est une course pour laquelle je m’entraine au jour le jour, à toute heure.


Je n’accorde plus d’importance au regard de l’autre. Je ne souhaite plus m’oublier à leur profit. Je me vis en vrai. Je me vis pleinement, en toute conscience. J’invite mes clients à me suivre dans ma course vers la vie. Je me refuse à briser les rêves des autres. Je les encorage en permanence à les réaliser, à aller jusqu’au bout de leurs rêves. Le mien, c’était d’être producteur, mais avant tout d’être moi. Je suis qui je suis, à ma place. Je ne travaille plus jamais depuis que j’incarne ce que j’aime.


J’ai appris à me connaître, à retrouver mes rêves d’enfant. Je me révèle à moi-même en quittant ma zone de confort. En dehors, je découvre mes limites. Je vis dans l’instant présent. Je ne me mets plus de cloison. Pour y arriver, j’ai un jour planté une graine, j’ai retrouvé mes racines, mes rêves de gosse, mon envie de jardiner. Les choses se sont mises en place au bon moment.


Je suis maître de mon destin. Je suis toujours présent à ce que je fais pour être toujours au meilleur de moi-même.


Je n’ai jamais abandonné, je me suis battu pour aller au bout de ma course, j’y ai mis un supplément d’âme, mon supplément d’âme. Je fais toujours attention à me préserver des moments pour moi pour pouvoir être présent à 200% aux autres.


Je me donne pour atteindre mes objectifs même si l’important pour moi c’est le chemin que je prends pour y arriver. L’important n’est pas de gagner mais de se mettre en route, dépasser les limites qu’on se fixe. Être en accord avec qui on est. Vivre les saisons comme elles se présentent.


Et embarquer nos proches dans nos projets, car ils sont là pour nous donner la force de nous relever lorsque nous chutons.

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