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  • Photo du rédacteurJean-François Grard

Vivons maintenant - Michael Jeremiasz

Dernière mise à jour : 26 juil. 2021

Vivons maintenant, un portrait entre reconstruction, sommet et partage d'expérience.


Le récit posté ci-dessous s'inspire librement de l'entretien mené par Jean-Michel avec Michael Jeremiasz. Si vous désirez écouter cet entretien, vous pouvez le retrouver ici


Les récits de cette collection s'inspirent des entretiens passionnants menés par @Jean-Michel Rallet dans son podcast 'Changement de vie (in)volontaire', podcast que vous pouvez retrouver ici.


@Changementdevie(in)volontaire vous offre des #interviewsinspirantes où il est allé à la rencontre de femmes et d’hommes connus, ou pas, tous très inspirants, qui racontent comment un jour, leur vie aussi a changé.

C'est un accident, un accident comme il peut en arriver à tout le monde. J'ai pris un risque. Je me suis lancé sur cette bosse, j'ai sauté comme je l'avais fait des dizaines de fois auparavant. Mais comme le dit le film 'La Haine', le plus dur pour moi n'a pas été la chute, ça a été l'atterrissage sur cette foutue plaque de verglas. Je ne me suis pas relevé, jambes cassées, dos brisé.


J'ai passé des heures sur la table d'opération, des semaines sur un lit d'hôpital. Je venais à peine de fêter mes 20 ans et j'avais la vie devant moi. J'allais la passer dans un fauteuil roulant.


Je n'en menais pas large, pourtant, quand mes proches venaient me voir, je faisais le pitre, l'humour en bandoulière. C'est ce qui m'a permis de passer au travers de cette épreuve, de me reconstruire.


C'est une situation qui ne donne pas envie de rire, c'est une situation qui fait mal, qui est douloureuse. Pourtant avec le recul, après des années de reconstruction, j'arrive aujourd'hui à rire de cet accident. Je dédramatise la situation. Et quand d'autres en rient également, je me sens inclus dans le monde, tant que cet humour se tient éloigné de la bêtise et de la méchanceté.


Le sport m'a aidé dans ma reconstruction, dans la création d'une nouvelle autonomie, d’une nouvelle identité. Je voulais que le poids mort d’une partie de mon corps ne m’empêche pas d’avancer. J’étais en fauteuil, mais toujours capable de me bouger. J'ai pris ma raquette de tennis et je suis monté au filet. J'ai assisté à un tournoi rassemblant les quatre meilleurs joueurs de tennis en fauteuil roulant. Je n'y connaissais rien mais je me suis promis ce jour-là de les vaincre tous les quatre. Il m'a fallu quatre ans, quatre ans pour être numéro 1 mondial. Dix ans plus tard, j'ai aussi remporté les titres de champion olympique et de champion du monde.


Ca fait 20 ans aujourd'hui que j'ai eu cet accident qui a changé ma vie. Pendant des jours j'en ai pleuré. Je ne croyais pas y arriver. Autour de moi, il y avait des gens plus amoché. J'ai relativisé, avancé et la douleur s'est apaisé. J'ai alors repris ma vie en mains, j'ai vécu ma jeunesse. je suis allé à la Fac et j'ai finalement accepté que ce fauteuil ferait partie de ma vie.


Je suis assis, différent des debouts, mais je suis heureux.


C'est pourquoi je veux maintenant témoigner et soutenir ceux qui traversent cette épreuve. Mettre à leur service mon expérience, et les outils pour les aider à se reconstruire. Avec mes proches, nous avons créer une association pour redonner goût à la vie à ceux qui, comme moi, ont été touché à la moëlle épinière.


Je veux les aider à comprendre que le handicap ne les prive pas de toutes les sensations, de l'adrénaline qu'ils peuvent encore vivre. Je les emmène dans des camps d'aventures, avec des personnes valides. Une expérience enrichissante pour tous.


Un accident, un handicap peut fondamentalement changer notre vision de la vie. Ca nous oblige à changer de vie. Mais il ne faut pas attendre d'avoir un accident pour changer de vie. Nous n'avons qu'une vie, alors mettons tout en oeuvre pour qu'elle soit folle, magnifique, magique.


Quand je serai grand-père, je voudrais me coucher auprès de mes petits-enfants dans un parc en me disant et en leur disant que je ne regrette rien.


Comme le dit si bien Raphael : ‘Dans 150 ans, on s’en souviendra pas, de nos premières rides, de nos mauvais choix’.


Alors vivons, maintenant. Faisons ce qui est bon pour nous.

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