Objectif Tokyo, un portrait entre résilience, paratriathlon et revanche.
Le récit posté ci-dessous s'inspire librement de l'entretien mené par Jean-Michel avec Antoine Besse. Si vous désirez écouter cet entretien, vous pouvez le retrouver ici
Les récits de cette collection s'inspirent des entretiens passionnants menés par @Jean-Michel Rallet dans son podcast 'Changement de vie (in)volontaire', podcast que vous pouvez retrouver ici.
@Changementdevie(in)volontaire vous offre des #interviewsinspirantes où il est allé à la rencontre de femmes et d’hommes connus, ou pas, tous très inspirants, qui racontent comment un jour, leur vie aussi a changé.
Dans quelques mois, je serai sur la ligne de départ du triathlon des Jeux Olympiques de Tokyo. Pourtant, il y a 5 ans, si j’écoutais les médecins à mon chevet, c’en était fini du sport pour moi. J’avais déjà la chance d’être en vie. Alors, participer aux Jeux Olympiques…
Je suis un grand sportif depuis toujours. J’ai pratiqué le rugby pendant des années, à un assez bon niveau. En parallèle, je travaillais dans une société informatique dont je partageais les valeurs, proches du rugby : le combat et l’envie d’avancer ensemble.
C'était un jour comme un autre. Je roulais à un bon rythme quand une voiture m’a coupé la route. Je me suis réveillé quelques temps plus tard à l’hôpital. Traumatisme crânien. Et mes proches à mes côtés. Le verdict n’était pas trop mauvais finalement. Je n’ai pris conscience plus tard que je pouvais bouger les doigts mais que j’étais incapable de soulever mon bras. Il était à moitié paralysé, collé au corps.
Je me suis concentré sur ce bras, sur ce que je pouvais faire pour le faire bouger à nouveau. Chirurgie, kiné. Tout. Mais plus de sport, c'était fini pour moi. Tout était détruit comme mon vélo. Aplati comme mon casque. Pourtant, j’étais en vie, j’avais cette chance. J’étais entouré par mes proches, qui étaient là pour me parler et me soutenir. Je n’étais pas seul, c'était important pour traverser cette période difficile qu’est la reconstruction.
Il faut le dire. J’ai eu de la chance. Il faut l’entendre aussi. Mais qui sont ces autres pour me dire que j’ai de la chance ? J’étais abattu. Pourtant, j’ai relevé la tête. J’ai potassé énormément sur le sujet. J’ai lu. Je me suis entrainé quotidiennement. Je nageais souvent, tout le temps. Et de fil en rencontre, par l’entremise d’une personne qui vivait la même chose que moi, j’ai repris goût au sport de compétition. J’ai assisté aux championnats de France de paratriathlon où d’autres bien plus amochés que moi s'y donnaient à corps perdus, malvoyants ou en chaise roulante. J’ai trouvé un sport qui me plaisait. Je cours, je roule, je nage. Je le fais en utilisant le matériel adéquat qui me garantit un maximum de sécurité.
Actuellement, je travaille encore dans une société un informatique, qui m'offre des horaires adaptés pour pouvoir m’entraîner tous les jours. J’ai un salaire qui tombe chaque mois, et j’interviens chez mon employeur ou chez des partenaires pour y raconter mon parcours. Je témoigne afin d'aider d'autres personnes dans mon cas, comme Yannick l’a fait avec moi. Aujourd'hui, sur la toile, d’autres me contactent et je les conseille à mon tour.
Je suis un revanchard, j’ai surpassé la douleur pour atteindre d’autres objectifs. La vie m’a sorti de mon confort. Je me suis adapté, j’ai pris conscience de mon nouveau corps. Je me suis relevé pour relever le défi qui était devant moi. Et la prochaine ligne d’arrivée m’attend.
Tokyo, me voici.
Comments