Les récits de cette collection s'inspirent des entretiens passionnants menés par @Jean-Michel Rallet dans son podcast 'Changement de vie (in)volontaire', podcast que vous pouvez retrouver ici.
@Changementdevie(in)volontaire vous offre des #interviewsinspirantes où il est allé à la rencontre de femmes et d’hommes connus, ou pas, tous très inspirants, qui racontent comment un jour, leur vie aussi a changé.
Le récit posté ci-dessous s'inspire librement de l'entretien mené par Jean-Michel avec Julien Alberge. Si vous désirez écouter cet entretien, vous pouvez le retrouver ici
J’ai livré ce matin ma première commande, une table en bois qui va prendre place dans la pièce commune de cette très belle chambre d’hôte, au coeur du village. Ma première livraison depuis que j’ai décidé de changer de vie.
40 ans, c'est pour beaucoup le moment des grandes questions, l’âge charnière du milieu de vie, pour regarder en arrière et voir si le parcours réalisé correspond au chemin dont nous rêvions enfant. Nous évaluons la distance qui nous sépare de nos rêves et nous avons le choix de continuer dans cette voie, ou de bifurquer si c’est possible pour nous.
Mais quels étaient mes rêves d'enfant finalement ? Je ne m’en rappelle plus trop en fait. En ai-je eu ? Vétérinaire peut-être, policier, un jour, ou alors travailler de mes mains ? Je n’en savais plus rien quand les questions sont arrivées.
Où en étais-je à ce moment-là ? Que voulais-je faire des années à vivre, que voulais-je vivre encore ?
40 ans, marié, des enfants. Une situation agréable. Je travaille depuis vingt ans dans le domaine bancaire, je suis connu et apprécié des clients qui font partie de mon portefeuille. Combien en font partie ? Deux, trois, quatre milles peut-être. Quatre milles clients à qui j’ai pu proposer un prêt qui leur convenait pour acheter une maison, pour lancer leur entreprise, ou pour d’autres choses encore. Je leur ai sans doute permis de réaliser une partie de leurs attentes. Qu’en feront-ils plus tard ? Se poseront-ils les mêmes questions que moi ? Peut-être. Je n’en saurai rien.
Un soir, ma femme et moi avons discuté, autour d’un bon vin que je débouche pour les grandes occasions. Était-ce une grande occasion ? Pour moi, oui. J’avais besoin d’avoir son accord pour changer de voie, pour tracer une autre route. Et je voulais qu’elle m’accompagne.
Je lui ai parlé de mes envies, de mon besoin d’utiliser mes mains pour façonner l’un ou l’autre meuble. L'odeur, l’aspect du bois m’ont toujours attiré. Peu de temps après, j’ai mis fin à mon contrat à la banque et j’ai repris le chemin de l’école pour me former aux métiers du bois.
J’ai toujours eu un bon contact avec mes clients et mes collègues dans mon ancien métier. Plutôt cash, je n’hésitais pas à défendre les positions que je devais défendre, de par mon engagement envers mon employeur. J’étais ce qu’ils attendaient de moi et je portais plutôt bien ce costume.
Mais là, au sein de ce nouveau groupe, je pouvais décider de laisser tomber le costume pour être enfin celui que j’avais choisi d’être. Nous avions les mêmes interrogations, les mêmes besoins, les mêmes craintes. Au sein de ce groupe, j'ai découvert la solidarité à toute épreuve. Nous étions là pour nous entraider, pour nous soutenir dans cette nouvelle aventure. J’ai découvert de nouveaux rapports humains, des rapports de qualité, non plus basé sur des liens économiques, mais sur des rêves que nous voulions chacun atteindre.
Je sais que le choix que j’ai fait est courageux, parfois risqué, mais soutenu par mes proches, par ma famille, j’ai pu essayer, m’y risquer et me lancer dans un métier pour lequel je vibre. C’était le moment où jamais pour moi.
Je sais que nous avons tous notre vécu, notre contexte et que nous ne pouvons pas nécessairement prendre un tel risque. Peut-être que vingt ans plus tôt, dans un autre contexte, si je m’étais lancé dans les métiers du bois, je n’aurais pas pris le même plaisir.
Mais là, j’ai fait ce choix, et je m’en remercie et m’en félicite chaque jour.
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