Les récits de cette collection s'inspirent des entretiens passionnants menés par @Jean-Michel Rallet dans son podcast 'Changement de vie (in)volontaire', podcast que vous pouvez retrouver ici.
@Changementdevie(in)volontaire vous offre des #interviewsinspirantes où il est allé à la rencontre de femmes et d’hommes connus, ou pas, tous très inspirants, qui racontent comment un jour, leur vie aussi a changé.
Le récit posté ci-dessous s'inspire librement de l'entretien mené par Jean-Michel avec Lucie Carbone. Si vous désirez écouter cet entretien, vous pouvez le retrouver ici
Dans mes spectacles, je ne parle pas de chutes, mais de rebonds, de résiliences. J’y manie les mots, l’humour, la littérature. J’envoie mes réflexions à la salle sans imposer ce que je pense. Je suis plutôt une artiste de la vie. Je propose différents tableaux, je mets le tout en musique, mes mots s'envolent et chacun se les approprie.
Le train dans lequel j’étais monté dans mon enfance ne m’emmenait pas dans cette direction. J’étais un enfant dans les rangs, bonne élève. J’ai fait des études en sciences politiques. Et je suis entrée par après dans un cabinet de conseil, à la Défense. J’y ai trouvé le CDI qui rassurait mes angoisses, et un certain confort.
En dehors, j’ai rejoint une petite troupe de théâtre, pour faire le lien avec mes études littéraires et me mettre un peu en danger. Fournir du conseil en informatique pour des grands groupes financiers, ce n’est pas jouer avec les mots. C'est à ce moment que je découvre l'existence de la mort suite à la disparition d'un proche. J'étais sur le fil depuis quelques temps et ça a sans doute précipité mes choix.
En tant que conseil en informatique, j’avais atteint le top socialement. J’avais une bonne situation, un appartement, une vie calme. J’étais lancée sur les rails sans pour autant trouver le sens que je recherchais. Je voguais comme une coquille vide sur l’océan. Le seul moment où je me sentais pleinement moi, c’était lorsque je montais sur scène. Je faisais le grand écart entre mes deux costumes de scène. Entre le sérieux du boulot à la Défense et l’éclate du théâtre, je ne m’y retrouvais plus.
Je me sentais de plus en plus mélancolique, de moins en moins gaie. La morosité me collait à la peau. J’enchaînait les arrêts maladie, et j'ai décidé au bout du compte de quitter mon travail. J’en bavais. Je prenais pourtant le choix d'aller de l’avant.
Mes proches n'ont pas nécessairement compris mon choix mais le mal-être que je ressentais au travail était tellement profond que je me sentais incapable de continuer dans cette voie. Cependant, je n’avais pas d’attaches qui me contraignaient. Mes amis m’ont poussé, m’ont encouragé dans mon choix, dans mes rêves. Pour mes parents, c’était plus compliqué, mais ils ont accepté mes envies. Pour eux, pour ne rien regretter, pour ne pas me tromper de destination, je devais changé de voie.
Heureusement, j’ai pu directement rebondir sur scène. Je suis partie en tournée avec ma troupe. Je me suis lancée dans ce nouveau projet à corps perdu. Ca a réduit mes angoisses. Et la vie s’est enchainée. Dans ma nouvelle vie, je peux me servir de mes compétences acquises en gestion de projet et en management. J’y lie mes deux vies.
Et j’y trouve surtout un sens. L’impact que j’ai sur les gens est bien plus direct, bien plus important, bien plus intense. Le salaire n’est plus aussi intéressant mais ce que je fais inspire ceux qui discutent avec moi. Ils y retrouvent l’envie de se remettre à leurs passions. En tant qu’intermittent, nous sommes moins reconnus. Pourtant, nous apportons énormément aux gens qui viennent nous voir.
Aujourd’hui, je passe beaucoup plus de temps à mes activités que quand j’étais cadre. J'ai pourtant de moins en moins l’impression de travailler.
Je voudrais conseiller à chacun de suivre ses rêves, même si notre société nous incite à suivre des rails, des filières qui n’apportent rien.
Prenez le temps de vous passionner, de vivre, de vous connecter à d’autres, de suivre votre curiosité et d’arriver à destination, sans rien avoir à regretter.
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